L’ambiance est à la philosophie, en ce moment, alors profitons-en ! Voici un témoin de ces moments où l’humeur est aux raisonnements logiques dénués de toute vraisemblance, qui nous entraînent dans un délire post-apocalyptique de la pensée avant-gardiste de quelques penseurs aimant jouer avec les concepts et les mots sortis de leurs têtes, sans provoquer trop de maux de tête. 

Tout a commencé avec un magnifique topic lancé sur un forum, à propos des SSII. Malheureusement, dans le titre du topic, il manquait un ‘S’. Ou un ‘I’, je sais plus… Mais là n’est pas la question. En effet, l’important est qu’il manquait une lettre. Car c’est à cause de ça que quelqu’un a fait remarquer qu’il manquait une lettre. Mais cette remarque est arrivée environ un mois après la naissance du topic. Ce qui eut pour effet d’entraîner les réflexions suivantes : 

Individu_1 : « 1 mois plus tard, je ne suis pas sûr que ça ait grand intérêt ! 😛 » 

Et c’est ça qui a mis le feu aux poudres, car le quelqu’un d’avant n’a pas pu s’empêcher de rebondir là-dessus : 

Individu_2 : « tout a de l’intérêt. » 

Ce sur quoi, vous vous en doutez, un 3e philosophe en herbe n’a pas pu s’empêcher de rebondir… 

Individu_3 : « Mais est-ce que ta notion de tout comprend le rien ? Car le tout a une notion d’universalité que l’on ne peut nier ; cependant l’approche, l’appréhension de la notion du tout dépend de la personne. En effet, pour d’aucuns, le tout comprend tout et donc il comprend le rien. En revanche, d’un point de vue lexical, rien est le contraire de tout, dans ce cas, une notion peut-elle englober son propre contraire ? 

Le tout est un ensemble, qui n’est pas vide, puisqu’il y a tout dedans. Cependant, le vide n’a pas de substance, c’est le vide, le néant. Or comme il n’a pas de substance, on peut considérer qu’il existe dans cet ensemble puisqu’il « ne prend pas de place » ; il peut s’insinuer partout… Le tout comprendrait donc le rien. 

Les conséquences sont phénoménales et peuvent mener vers une conception nihiliste absolue. En effet, à partir de là, si tout à de l’intérêt, le corollaire de la démonstration qui précède souligne que rien n’a d’intérêt. 

Donc si rien n’a d’intérêt, à quoi bon vivre ? 

Poussons encore plus loin. On vit pour se reproduire, dans la plus basique (et la plus déprimante) des conceptions. Seulement, quel est l’intérêt de se reproduire dans la mesure où les individus des générations suivantes mourront aussi, après s’être reproduits, en sachant qu’à terme, la vie sur Terre finira par disparaître à la mort du Soleil ? « Nous aurons colonisé d’autres planètes », me répondrez-vous. J’ajouterais que nous serons en mesure de le faire si et seulement si nous n’aurons pas disparu (au rythme où ça va, on peut se poser la question). Bref, si cela se fait, les planètes ne sont pas éternelles. Nous serons donc condamnés à migrer de planète en planète, épuisant toutes les ressources sur notre passage, car tel serait notre lot. En résumé, où est l’intérêt de créer puisque nos créations seront inexorablement détruites ? Nulle part. 

Donc il n’y a aucun intérêt à rien, pas même à la vie, puisque tout est voué à l’échec au final. Ne vous suicidez pas après cet exposé, ça n’a pas d’intérêt non plus, vous aller infliger de la peine à vos proches et coûter à la société. 

À mes yeux les conclusions de ce raisonnement sont erronées, car la vie a de l’intérêt. Donc tout ça pour dire que non, tout n’a pas d’intérêt. Il n’eût pas été plus juste de dire « tout privé de rien a de l’intérêt » car si l’on supprime le rien, que reste-t-il à la place ? Rien. Et tout recommence. 

Il aurait donc fallu dire : « De nombreuses choses ont de l’intérêt. » Ainsi, on peut postuler que le rien ne figure pas dans ces certaines choses, et donc au final, trouver goût à la vie. 

Sur ce, merci à tous. » 

Ce sur quoi, vous vous en doutez, un autre énergumène, philosophe à ses heures, n’a pas pu s’empêcher de rebondir : 

Votre serviteur : « J’ajouterais cependant que la notion du « tout ou rien » évoquée par Individu_3 est un point de vue purement subjectif, et qu’il pourrait exister autant de conceptions différentes de cette notion que d’individus pensants sur Terre. Car tout est relatif. 

Et si tout est relatif, alors l’absolu est lui aussi relatif. Ce qui veut dire qu’il n’existe pas vraiment d’absolu, puisque, celui-ci étant relatif, on peut le comparer à autre chose qui lui serait supérieur, en proportions ou en implications. De ce fait, l’absolu étant relatif, il en résulte une autodestruction immédiate et irréversible de l’absolu. 

Mais le relatif n’existe qu’en comparaison de l’absolu, car, comme bon nombre de concepts abstraits, il n’est défini qu’en regard de son contraire. L’absolu n’existant pas, le relatif n’existe pas non plus. Or, tout est relatif. Donc, tout n’existe pas non plus. Et, comme rien est dans tout, alors rien n’existe ! 

En conclusion, nous voyons donc qu’Individu_3 a engendré la fin du monde connu et inconnu par implosion immédiate et irréversible de l’univers entier. Bonne disparition à tous ! 

De plus, si l’univers est fini, alors sa destruction aura une fin. Mais qu’y aura-t-il ensuite ? Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme… Donc il restera forcément quelque chose résultant de la destruction de l’univers fini. Celui-ci ne sera donc pas, en fin de compte, détruit, ce qui va à l’encontre du postulat de la destruction de l’univers. 

Ceci prouve donc que l’univers est infini. Le problème qui se pose maintenant est de savoir si la destruction d’un espace infini peut se produire. En effet, comment détruire quelque chose d’infini ? On a beau commencer par un bout, ou même attaquer par le milieu (où est le milieu de l’infini ?), il y aura toujours au moins un bout de l’infini qui sera hors de portée, puisque toujours à l’infini par rapport à l’observateur que nous sommes. 

On ne peut donc raisonnablement pas détruire quelque chose d’infini, à moins que cette destruction soit instantanée en tout point de l’infini. Mais l’instantané est une notion temporelle définie par l’homme, qui traduit une durée très courte, mais qui n’a physiquement aucun sens. Or, tant que l’instantané aura une durée, la destruction d’une infinité de points aura une durée infinie. 

Nous pouvons donc louer l’Infinité de l’univers, sans laquelle Individu_3 nous aurait tous tués en un rien de temps. » 

Ce sur quoi, vous vous en doutez, Individu-3 n’a pas pu s’empêcher de rebondir sur “Individu_3 nous aurait tous tués en un rien de temps.”, et je lui laisserai donc le mot de la fin : 

Individu_3 : « Donc en un tout de temps, car rien est dans tout. Je rejoins là ton point de vue, car je ne peux vous tuer tous en un tout de temps, car le meurtre est un acte ponctuel, l’agonie ne pouvant être considérée comme passage de vie à trépas. » 

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