Je veux exprimer une idée 
Avec force verve et beaux phrasés, 
Et quelques rimes qui accrochent, 
Qui coulent, fluides, sans anicroche. 
Mais les mots se coincent au fond 
De mon bulbe qui se morfond, 
Se plaint, boude et se ratatine, 
Moisi comme une vieille tartine. 

Il reste là et se tient coi 
Imposant le silence au moi, 
Au surmoi, au subconscient, 
Réfrénant tout épanouissement : 
Immobile alors qu’autour tout tourne, 
Il reste là et se détourne, 
Immobile alors qu’autour tout grouille, 
Il reste là, stoïque, et rouille. 

Que la vie se révolutionne, 
Que les envies s’ambitionnent, 
Il n’est plus acteur mais scrutateur 
Des existences et des bonheurs 
De tous ces êtres, ces autrui 
Qui gravitent autour de lui : 
Spectateur il regarde, morose, 
Sa propre vie figée, en pause. 

Il lui manque pour repartir 
Un flot incapable de tarir, 
Une source d’inspiration 
Chatouilleuse d’imagination, 
Cette puissance débridée, 
Génératrice de toute idée, 
Et par qui la création fuse : 
L’insinuative voix d’une muse. 

Elle réveillerait les sentiments 
Enfouis au plus profondément 
De cet être à l’âtre échaudé 
Par le monotone des années, 
Ressusciterait les émotions, 
Les envies, folies et passions, 
Les pulsions, craintes et amours, 
Pour reprendre enfin le cours 
D’une existence interrompue, 
Guidée cette fois par les nues, 
Qui n’influenceraient plus que l’art, 
Mais toute la vie, en étendard ; 
Donneraient envie d’avancer 
Sur chemins tortueux et routes pavées 
De bonnes intentions ou d’écueils, 
De naissances ou bien de deuils. 

Je cherche ainsi à renaître 
Sous l’impulsion du seul être 
Capable de transformer 
Une vie fade en vie rêvée, 
Et encenser tous les jours l’âme : 
L’amie, l’amante, la muse… la Femme.

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