Spot de pub, épisode 1. 

Peut-être l’avez-vous entendue à l’époque, peut-être pas. Toujours est-il qu’il fut un temps, à la radio, on put entendre une magnifique pub pour le Coca Light. En gros, ça donnait ça : 

Voix féminine : 

“Un coca light, ça peut être avec ou sans paille, avec ou sans citron, avec ou sans copine,… Mais ce sera toujours sans sucre et sans calories !” 

Autre voix féminine : 

“Pour votre santé, limitez les aliments gras, salés, sucrés.” 

Voilà, je pense que cette pub se passe très bien de commentaire, c’est pourquoi je ne peux m’empêcher d’en faire un : bon, déjà, la pub s’adresse à un public essentiellement d’origine féminine. Surtout depuis l’apparition du Coca Zéro, qui cible des gens essentiellement d’origine masculine. Ensuite, bien sûr, le Coca, c’est pas gras. Aucun doute là-dessus. À vue de nez, c’est pas salé non plus (quoique ça puisse le devenir, en fonction des cocktails…). Conclusion, le Coca Light, c’est sucré. Ah, mais non ! Justement, dans la pub, ils disent qu’il n’y a pas de sucre ! 

La question légitime que l’on est en droit de se poser est la suivante : à quel point les publicitaires de chez Coca ont-ils réfléchi, avant de produire une pub pour le Light orientée sur son absence de sucre, sachant qu’ils sont obligés de mettre le spot « ne buvez pas de sucré » juste après ? Ou bien ils nous prennent juste pour des gros débiles ? 

Spot de pub, épisode 2. 

Exactement le même spot que ci-dessus, « le coca light, ça peut être avec ou sans glaçon, avec ou sans rondelle de citron, avec ou sans paille, avec ou sans terrasse, avec ou sans copine… mais ce sera toujours sans sucre et sans calories ! » 

Je vais finir par la connaître par cœur, à force de l’entendre… Encore que, je la retranscris comme ça ici, mais si ça se trouve, il faudrait l’écrire plutôt « […] ce sera toujours cent sucres et cent calories ! » Mais là n’est pas la question. Première constatation, fait marquant du jour, c’est que le magnifique message de prévention qui suivait le spot les fois précédentes, à savoir « évitez de manger gras, sacré, sulé », ou quelque chose du genre, a été remplacé par celui-ci : « pour votre santé, évitez de grignoter ». Ce qui change absolument tout ! Car, d’après ma définition de grignoter, que je vous livre ici, histoire que tout le monde puisse partir sur les mêmes bases, grignoter se définit comme suit : « Manger petit à petit en rongeant. » Notez donc le verbe « manger », et non « boire » ! Le coca light a donc changé de format, et est devenu solide ! Pour celles et ceux qui s’insurgeraient en prétextant que « manger » = « avaler un aliment », je vous livre ici, histoire que tout le monde puisse partir sur les mêmes bases, la définition de « manger » : « Mâcher et avaler un aliment dans le but de se nourrir. » Maintenant, essayez de mâcher un truc liquide, pour voir…  

Le coca light est donc désormais consommable sous forme solide ! Un peu comme un Mister Freeze, je suppose, mais chaud. Sinon, ça s’appellerait un Mister Freeze… La deuxième constatation, et non la moindre selon moi, est que cette modification voit le jour peu de temps après la mention de l’incohérence publicitaire coca-lightienne sur mon blog de l’époque, et que j’ai retranscris au début de cet article ! Je suis sûr qu’on m’espionne à mon insu, et qui plus est, sans que je le sache ! Que ce soit coca qui ait fait pression (même s’ils ne font pas de bière) pour revoir les modalités des messages de prévention, ou que ce soient les auteurs des messages de prévention qui ont revu l’adéquation entre leurs messages et les spots de pub’, le constat est le même : on m’observe ! Bon, ok, en même temps, c’est publié sur un blog, c’est public, n’importe qui peut tomber là-dessus… Mais il n’empêche que c’est troublant, non ?! Non ? Bon, ok… Mais si ça se trouve, y a des gens qui sont payés pour faire du REX sur ces messages de prévention, et qui scannent internet à la recherche des moindres traces d’un quelconque écrit à leur sujet ! Ils font des études de marché avec tout ça, ils nous connaissent par cœur, Big Brother is watching us !  

Oui, bon, d’accord, on le savait déjà, qu’on est espionné de partout sur la toile, et que nos moindres faits et gestes sont logués, enregistrés, disséqués, de manière à établir un profil fidèle de notre personne (sans passer par Facebook…), visant entre autres à nous fournir des publicités toujours plus ciblées… Bande de rapaces ! 

Et ça, c’était en 2007. Avant les smartphones, avant les cookies à accepter ou refuser, avant la monétisation de masse des données des internautes. Aujourd’hui, 2023, connectés en permanence, épiés en permanence. Éteignez vos écrans, refusez de vous vendre ! 

Spot de pub, épisode 3. 

La 3e magnifique œuvre qui a su retenir mon attention l’a d’abord captée, mon attention, uniquement grâce à un message de prévention, d’une nouvelle nature, qui vient de sortir, apparemment, au moins à la radio. La pub’ en question était pour une marque de lessive. Je ne peux pas vous en dire plus, la radio était juste en bruit de fond dans ma voiture (normal, c’étaient les pubs), et je n’écoutais que d’une demi-oreille en attendant que la musique reprenne la place qui lui revenait de droit. Mon esprit a donc vaguement compris qu’il s’agissait de lessive en entendant un somptueux extrait du style « pour 2 barils de 350 litres achetés, un troisième baril de 2 litres offert ! » (avec une voix de commercial basique et certainement peu scrupuleux). Suivi de « Oh bah oui alors, avec cette offre, j’aurais le temps de voir venir 🙂 ! » (avec une voix de ménagère excessivement contente devant cette promotion exceptionnelle). La pub s’est terminée, et juste après, comme on l’entend d’habitude sur les messages vantant les mérites gustatifs allégés de douceurs chocolatées, les auditeurs chanceux ont eu l’immense joie d’entendre un message de prévention ! Je vous le livre donc, en exclusivité totale (enfin, pour ceux qui ne l’ont jamais vu ni entendu, et qui n’iront pas le chercher ailleurs) et avec une parfaite imprécision due à ma mémoire défaillante, puisque j’ai entendu cette merveille ce matin, et que là, on est ce soir : 

« Produit dangereux, pour votre sécurité, lisez les précautions d’emploi. » 

 Alors, c’est pas beau, ça ? J’entrevois déjà toute une nouvelle gamme, collection automne-hiver : « Pour la santé de votre enfant, ne lui donnez pas ce jouet s’il a moins de 8.173 ans, il contient des petites pièces pouvant être inhalées » pour des jouets, ou « Pour votre santé, consommez les aliments avant leur date de péremption » pour la nourriture, ou encore « pour votre santé, échauffez-vous avant tout effort intense » pour les articles de sport, ou, bien sûr, « pour votre santé intellectuelle, éteignez votre télévision ».  

Non, franchement… c’est moi, ou on nous prend de plus en plus pour des analphabètes incapables de s’occuper d’eux-mêmes et qu’il faut tenir par la main pour qu’ils réussissent à vivre en bonne santé, des assistés qui ne sortent plus de chez eux parce que c’est trop dangereux, des moutons qui obéissent à la moindre injonction préventive privative de liberté individuelle sous couvert d’amélioration de la vie quotidienne ? 

Et qui sont ceux qui, sous couvert de ce patriarcat protecteur, nous prennent par la main pour éviter qu’on se blesse ? Qui sont-ils pour savoir mieux que nous ce qui est bon pour nous ? Qui sont-ils pour oser se déclarer référence en la matière ? Comment osent-ils se proclamer implicitement membres d’une élite, puisqu’ils possèdent la connaissance de ce qui est juste ? 

 Et je suis sûr qu’ils n’appliquent même pas leurs préceptes pour eux-mêmes… 

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