Plus que deux jours avant la quille, je vais bientôt pouvoir m’insoucier de carpe diem jusqu’à la gueule pendant quinze jours, m’enfuir le cerveau dans le sable vendéen comme l’autruche s’abritant de la tourmente révolutionnaire, m’accrocher à la légèreté du fugace pour dériver, me perdre et me retrouver, entier, empli de ces facettes qui s’éclipsent trop dans la monotonie inébranlable du capitalisme, empereur non manchot qui maintient le cerveau focalisé hors des sentiers non battus et bride l’imaginaire pour recentrer l’attention sur son important : l’efficacité, le rendement, l’argent, au lieu de chercher à placer l’humain dans son élément pour y puiser ce qu’il en sort de meilleur et le faire briller, rayonner, exploser…

Alors avec ces vacances qui arrivent, je rêve…

Je rêve d’espace, de ciel bas, chargé, mouvant, filant au vent qui rabat la lande au sol et fait fuir les cerfs, volant en troupeaux au-dessus de la mer frangée d’écume.

Je rêve de grande heure, de grandiose, de majestueuses immensités immaculées, de celles qui nous regardent de haut sans nous voir et nous écrasent par inadvertance comme la fourmi solitaire égarée sous la semelle aveugle du promeneur qui, tout là-haut, est perdu dans ses nuages.

Je rêve de silence méditatif, de contemplation acoustique, de solitude insonorisée par l’absence du bruissement de fond de la fourmilière humaine grouillant au sol et en-dessous et au-dessus, accaparée par un retard incessant, alors qu’à l’échéance plus rien n’aura d’importance.

Je rêve aussi de compagnie, de compagne, de con ? de pagne ? d’une folie passagère et communicative, de partage, de débridage non échangeable et non remboursable, de fougue et de délire à découper en parts égales entre joyeux drilles lançant des trilles à qui sait les entendre, je rêve de cette communion de liberté insouciante, en harmonie saccadée avec les éclats de rires ricochant d’estomacs séismés en gorges déployées.

Je rêve de stopper le temps, me billmurrayser sans fin pour un jour, errer dans le sable figé et parcourir la vie dans le désordre du sablier en sautant de grain en grain, explorer la clepsydre jusqu’à plus soif et me transformer en saumon pour y remonter le cours du temps, je rêve que les instants s’allongent et fassent la sieste et ne s’occupent plus de nous rappeler à l’ordre de l’agitation erratique qui d’ordinaire nous accapare…

Je rêve de ce rêve qui aurait lieu, un matin en ouvrant les yeux.

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