Il pleut. Il a plu presque toute la journée. Les nuages sont restés collés au ciel du matin au soir. Le soleil a quand même daigné faire une courte apparition dans l’après-midi. Le jour s’est levé vers 16h30, aujourd’hui… L’astre solaire est encore présent, d’ailleurs, mais au loin, seulement. Au-dessus de moi, les nuages sont encore là, et continuent de s’égoutter en une pluie fine qui tombe tout droit, sans aucun vent pour l’incliner. Les rayons de soleil filtrent à travers les gouttes, éclairant ce rideau d’eau sans se fatiguer, mais également sans l’envie de faire naître un arc-en-ciel. Il n’y a personne dehors, pas un bruit qui vienne troubler le crépitement des bombes liquides s’écrasant sur l’asphalte noir, transformant la chaussée en un miroir scintillant où vient se refléter le gris-bleu des cieux. 

Le soleil est timide en ce mois de juillet, il n’éclaire pas beaucoup ni ne réchauffe l’atmosphère. Heureusement qu’il y a d’autres choses pour réchauffer les cœurs. On est fin juillet, et il fait à peine 20°C dehors. Même les nuages ne semblent pas vouloir participer à l’effort en faisant effet de serre. Et les prévisions météo nous narguent en nous promettant du beau temps et de la chaleur. 

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais en ce moment, ils se trompent quand même très souvent ! À tel point que je me demande s’ils ne sont pas tous partis en vacances, quelque part au soleil, en laissant tourner les prévisions de l’an dernier. En se disant que personne ne remarquera rien ! Mais c’était sans compter mon esprit tortueux, qui vient ici révéler l’ignoble farce que les météorologistes, en accord avec les présentateurs, ont fomentée pour mieux s’éloigner de leur morne existence passée à regarder des courbes annonçant le temps futur suivant de savants calculs, temps futur qui se réjouit de déjouer les probabilités et d’attirer l’ire sur les messagers du tempérament céleste. 

Ou alors, les équations calculant la probabilité de soleil ou de pluie sont à revoir. Pourquoi ne pas intégrer une variable aléatoire traduisant le dérèglement climatique général ? Si les prévisionneurs continuent à proférer des inepties, je vais finir par les attaquer pour publicité mensongère ! 

Quoique, je dois avouer, pour leur défense et à mon grand dam, que depuis peu, ils semblent avoir compris : les prévisions ne sont plus que du style « nuageux », ou « passages nuageux », ou encore « alternance de soleil et de nuages », ou bien « courtes éclaircies », quand ce n’est pas « risque d’averses ». Le tout signifiant la même chose, mais avec des mots différents. Pour pouvoir dire la même chose au moins cinq jours de suite, sans en avoir l’air. Et avec une probabilité très faible de se tromper : globalement, en ce moment, c’est très rare qu’on ait une journée entière sans apercevoir aucun nuage. Et quand ça arrive, on ne s’en plaint pas, ce qui met les prévisionneurs à l’abri de véhémentes critiques pour avoir annoncé de la pluie alors qu’il a fait un grand soleil. Mieux vaut se tromper à cause d’un meilleur résultat que ce qui était prévu, plutôt que l’inverse : personne n’aime les mauvaises surprises. 

En tout cas, alors que tout le monde parle de réchauffement global, ce mois de juillet me fait doucement rire sous cape. « Dérèglement » serait tout de même plus juste ! Mais que se passera-t-il lorsque nous n’aurons plus droit qu’à une seule saison durant toute l’année ? Les arbres perdront-ils encore leurs feuilles ? En auront-ils de belles et bien vertes, ou des jaunies et mortes au bout de quelques jours ? Survivront-ils au manque de cellules photosynthétiques ? Que deviendront les beaux paysages une fois qu’ils ne seront plus peuplés que d’arbres nus tordant leurs branches dans une souffrante agonie, exprimant par leurs cimes tordues la douleur qu’ils ne peuvent crier ? 

Heureusement qu’il restera toujours des arbres abondamment feuillus, aux branches épaisses, solides sur leurs racines, abritant une faune volatile sous un feuillage orange et vert.