Dans le monde d’Elevtherya… 

It’s just a world. 
Better or worse, I can’t tell. 
It depends on you… 

Make it yours ! 

Je suis au sommet d’une falaise rocheuse. Tourné vers le vide. Derrière moi, le sol rocheux, nu, laisse peu à peu la place à la vie verdoyante, d’abord timide, quelques mousses et lichens éparpillés, puis plus envahissante, herbe rase, gazon fourni, plantes et fleurs colorées, et disparaît finalement dans l’ombre tranquille d’une forêt, installée sur une petite montagne, qui monte en pente douce jusqu’aux nuages blancs éparpillés dans le ciel azur.  
 

Un torrent, frais, cristallin, joyeux, s’écoule paisiblement depuis la montagne, sort de la forêt, s’arrête un instant dans un bassin qu’il a creusé entre les derniers arbres et le précipice, comme s’il réfléchissait à la meilleure direction à prendre, puis décide de défier la gravité en bondissant de la falaise en une gerbe de gouttelettes entourant le flux principal, fines et légères, dispersées par le vent, tandis que le flot d’où elles sont issues semble suspendu un instant entre ciel et terre, puis est happé vers le bas, lentement, inexorablement, puis de plus en plus vite, accélérant sa course tandis que le sol se rapproche à une vitesse folle.  
 

Mais du haut de la falaise, le sol est invisible. En regardant en bas, je ne vois, entre de petits nuages blancs, que de la brume au pied de la paroi, qui cache la forêt, camoufle le sol, et avale le torrent en étouffant ses cris. J’ai l’impression qu’il est entraîné dans une chute sans fin, derrière ce rideau de bruine impénétrable. Cependant, plus mon regard s’éloigne de la paroi pour embrasser l’horizon, plus le paysage est dégagé. Du sommet, le panorama s’étire sur presque 360°. Seule la montagne bloque la vue derrière moi et masque l’horizon. Partout ailleurs, quelle que soit la direction dans laquelle je regarde, je peux explorer le paysage, depuis le rebord de la falaise jusqu’à la zone floue où la cime des arbres se mélange avec le bleu du ciel, où les cieux se confondent avec les arbres, où les troncs semblent couronnés de nuages et les feuilles dériver dans le ciel au gré du vent.  
 

Mes yeux ne sont emplis que de verts, selon des nuances variées. L’herbe, les plantes, les feuilles, les fruits, sont autant de taches à la fois semblables et différentes, dont le soleil et les nuages amplifient la diversité en les éclairant selon une intensité changeante. Le vent participe au rendu général, en ajoutant un mouvement lent qui donne un effet miroitant aux feuilles ensoleillées, et les fait bruisser, doux son qui sert de tablier à la musique de la forêt : discours de la faune, animaux grimpants, rampants, sautants, courants, se balançant, qui se répondent, se poursuivent ou chahutent, envol d’oiseaux, craquements de branches, bruits de cavalcades et d’acrobaties. Ca et là, apparaissent parfois des flashs de couleurs vives, fruits ou fleurs que le vent laisse entrevoir subrepticement en soulevant la protection de feuillage qui les cachaient à ma vue, ou bien passages furtifs d’animaux colorés, perroquets, singes, paresseux, ou quelque fauve arboricole.  
 

Mais de si haut, je suis incapable de définir la provenance réelle de ces minuscules étincelles colorées. Elles ne sont qu’une partie du paysage immense, grandiose, infini, qui s’étire devant moi. Mon regard se perd au loin. Je contemple le panorama. Je l’admire comme si c’était la première fois que je le découvrais. Puis j’avance vers le bord de la falaise. Lentement. Inexorablement attiré par le vide. Je m’arrête alors que mes pieds nus sont à moitié posés sur la roche, et à moitié en train de palper le vide. Un vent léger me caresse le visage et fait voleter mes cheveux. Je baisse les yeux. Regarde en bas. Essaye de distinguer les différents arbres, plusieurs centaines de mètres en contrebas. Impossible. A cette distance, ils se mélangent tous les uns aux autres. Je relève les yeux. Les emplis une dernière fois de ce spectacle que seule la Nature sait nous offrir. Puis j’écarte les bras. Et saute.

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