(Entre histoire d’un rêveil et poésie, un texte onirique sur la rêverie). 

Un mélange d’images nage devant mes yeux fermés. 
Je songe, juché dans ma caboche, réfugié en moi-même : 
L’onirisme comme échappatoire à la monotone laideur du monde, 
Une vie rêvée vaut mieux qu’un vide vécu… 
Mon cerveau doucereusement me ment en m’emplissant de moments 
Délirants, déroulant des envies, des instants en traînant, 
En prenant son temps, ou en fonçant, projetant en un instant 
Les récits faits des écueils d’existences de mille ans. 
L’entremêlement en résultant change mon crâne en écran 
Géant virtuel, j’ai envie d’ailes, en virevoltant 
Je voudrais raser les mottes de cette Terre de chimères, 
L’aplanir, la pétrir, la remodeler selon mon idée. 
Alors je l’appâte, j’attrape cette pâte, après tout patentée 
À ma réalité, à mon moi alité, encore roi de sa litanie rêvée. 
Je la plie ainsi selon ma volonté, façonne un monde enfoui en moi : Elevtherya. 

Mes yeux fermés nagent au milieu d’un mélange d’images. 
« Mets l’ange, dix mages, sept géants et douze pégases », 
Susurre à bon escient mon inconscient essayant de me conseiller. 
Je construis mon utopie, je sculpte, crée et crapahute, 
De bois, de pierre, ou d’air, les murs de ce monde ne limitent 
Que l’imagination déployée à les faire ployer. 
Et moi, déplié en quatre, je m’enfonce dans mon songe, 
Fais du zèle, étire mes ailes, nage en plein ciel 
Parmi poissons et cerfs volants, parmi oies, zoos et… et les faons. 
Une ombre passe, sombre, masque en ces cieux, masse obombrant mes yeux. 
Eux se lèvent et amassent, en leurs pupilles écarquillées, le monstre et sa face. 
Je vois d’en bas, ce blindé aérien, démesuré, d’une ballade extirpé, 
Destrier étrillé, sa carapace lustrée, cuivrée, brille de mordorés, 
Brille de mors, d’ors et.. de tout son attirail déguisant son poitrail : 
Venu hanter ce songe d’une nuit, me voilà, chevauchant Cocci. 

Des images en nage enferment et mélangent mes yeux. 
Maître des lieux, je divague dans ces cieux, vogue, vire et volte, 
Chargé à bloc, je fonce, clair et net, flou à lier, 
Survole les terres, ouvre la mer, navigue dans sa trachée, 
Arpente une gorge, explore une tranchée, escalade une fosse, 
Crée un mont, tunnelle sa roche, ponte ses gouffres, cascade ses flancs 
Aromatisés, parfumés, sucrés, ils vibrent, ondulent, ondoient, 
Gélatineux ils luisent de douceur caoutchouteuse. 
Je lâche Cocci, plonge, vrille, perfore ces flans, m’enfonce, 
Manque de bol, bois la tasse, m’érafle le gosier, me repais, plein, 
Et me repeins, plaie colmatée, je mate ce col, loin, 
Col lié aux perles de glace entourant ce passage, 
Je le franchis, contemple l’immaculé de l’autre côté : 
Étendue blanche, plaine de sucre miroir, je réfléchis, 
À mon image, à ce lieu : à ce lieu à mon image. 

Un mélange d’yeux nage devant des images fermées. 
Et moi au milieu, j’ouvre tous mes yeux. 
De l’onirique extirpé, j’en sors éveillé, 
Ma conscience élevée, mes perceptions renouvelées, 
Et cependant embrumées, par cette vision influencées. 
Mais au fond je le sais, je maîtrise ma psyché : 
Aucun rêve ne me possède et me suit, 
C’est bien moi, qui possède un rêve et le poursuis.

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