(Cocci ou les univers parallèles, superposés selon leurs échelles). 

Aujourd’hui je suis là, le soleil brille, le ciel est clair, les arbres sont verts. 
Le sol est ocre, la mer est bleue, les gens sont gris. 
Et à mes pieds, se baladant, une tache rouge défie le vent. 
Individu milliscopique, elle se joue des ronces et de ses piques. 
Elle avance, elle recule, passe de pétale en renoncule. 
Insouciante, elle trace sa route tout droit, rien de travers pour elle ne va. 
La tache elle-même est tachetée, ni à acheter, ni à jeter, je m’attache à m’en enticher. 
Noire et rouge, ou rouge et noire, à la bête est associé l’espoir, 
Ou du moins le bon dieu, Cocci n’est-elle pas animal fabuleux ? 
Je l’observe, elle s’arrête, me voit-elle penché sur elle ? 
Peut-être, petit être, bête à bon dieu, me voit-elle descendu des cieux, 
Ou trop gros pour elle, juste un obstacle devant le ciel. 
Je m’approche, je me penche, elle m’imite et s’incline, 
Comme effrayée par ma présence éparpillée. 
En fait je le vois, je la vois, elle regarde comme moi, juste un peu plus bas. 
Elle aussi observe, un microscopique serpentant, sollicitant son attention. 
Soliloque-t-elle aussi, sur cet être si petit, à savoir d’où il vient, où il vit ? 
Le microscopique avance d’une distance, qui pour lui paraît immense. 
Cocci le suit, bouge une patte ou deux, cela suffit. 
Et je reste stoïque, observant tout ceci sans un hic. 

Aujourd’hui je suis là, le soleil brille, le ciel est clair, les arbres sont verts. 
Et à mes pieds, j’imagine, Cocci se penche, suit le microscopique : 
Lui aussi s’est abaissé, pour mieux regarder, un mouvement par qui son œil est attiré. 
Il observe lui encore, un vivant nanoscopique, insouciant de ces présences gigantiques. 
Et le nanoscopique scrute les aléas, jacta est, d’un quelconque picoscopique 
Et pique et colle et gramme, il repère un 10-15-scopique, 
Et tout s’enchaîne, de trois en trois, encore plus loin, encore plus bas, 
Angström et puis voilà, la cellule, sans gêne, observe les siens, 
Un gène aperçoit un acide qui s’anime, devant un spectacle atomique, 
Le noyau l’éblouit, son œil se tourne vers les masses qui le gravitent, 
Électrons tournoyants, ils ont l’air vivant, lequel est le plus intéressant ? 
Le troisième, alléchant, bleu comme un aimant, il est rafraîchissant. 
D’ailleurs son voisin le lorgne, il scrute ses entrailles, à la recherche de quelque trouvaille. 
Il voit, sous sa strate bleutée, quelques moutons éparpillés, 
Qui s’effilochent, laissent le regard passer, toujours plus bas, vers la minusculité. 
Apparaissent alors, des oiseaux de métal, qu’il suffit de suivre, vers leur destination finale. 
Ils descendent, oscillent, avant de se poser, surplombent des êtres insensés, 
Tellement petits, que le scopique en perd son préfixe. 
Cependant l’observateur observe, ces individus verts, aux pieds marron, 
Aux pieds desquels, au détour de l’un deux, apparaît… 

Aujourd’hui je suis là, le soleil brille, le ciel est clair, les arbres sont verts. 
J’observe Cocci, telle un mini-dieu, n’est-elle pas animal fabuleux ? 
J’observe Cocci, qui observe elle aussi, qui observe elle aussi… 
Aujourd’hui je suis là, le soleil brille, le ciel est clair, et sous les arbres verts, 
Je ne sais plus très bien, où suis-je dans l’univers, ou suis-je… l’univers…

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