Définitions d’un pas fini

 « Le manque de définition est plutôt une perfection

qu’un défaut, parce qu’il ne vient pas de leur obscurité,

mais au contraire de leur extrême évidence. »

Blaise Pascal

L’absence de définition d’un mot, d’un concept ou d’une idée serait un gage de simplicité et d’évidence ? C’est vrai que si tout le monde connaît son sens, nul besoin de définir un terme. Mais nous avons tous été enfants et ignorants, nous avons tous grandi avec des expériences, des cultures et des apprentissages différents. Alors le meilleur moyen d’être sûrs de se comprendre, c’est encore de définir les concepts que nous utilisons.

On croise parfois, au hasard d’une promenade, des bancs à qui l’on vient de refaire une beauté, fièrement ceints en guise de collier d’une pancarte « peinture fraîche ». Pourquoi n’en rencontre-t-on jamais avec la mention « peinture périmée » ?

On ne connaît jamais toutes les réponses des questions Trivial Pursuit, et il peut arriver qu’on galère vraiment pour les trouver… Mais vous avouerez qu’il y a quand même des questions plus difficiles ! Honnêtement, les questions apéricubes sont plus faciles que les questions carambar, non ?

Pourquoi certains mots sont vulgaires, d’autres non, alors qu’ils sont synonymes ? Pourquoi, dans une soirée mondaine, un testicule passerait mieux qu’une couille ? Pourquoi un même mot peut avoir des niveaux de langue différents en fonction de son sens ?  Pourquoi me trouverait-on vulgaire si je dis que j’aime bien caresser la chatte de ma voisine ? Pauvre félin qui n’a rien demandé à personne mais attire l’opprobre… Qui a décidé du niveau de langue des mots et expressions de la langue française ? On devrait attribuer le même niveau de langue à tous les mots, non ? Au moins plus personne ne sera choqué par des propos vulgaires !

On me dit parfois que je suis fou. Pas insensé, plutôt stupide et débridé, prêt à tout ce qui paraît idiot, inutile et ridicule, du moment que c’est décalé et drôle. Comme si c’était une tare… Mais, franchement : que ce monde serait insipide sans ce nécessaire grain de folie déposé sur le désert de la banalité !

« Ce sont toujours les meilleurs qui partent en premier », entend-on parfois en diverses circonstances. Ça peut paraître attentionné, mais qu’est-ce que ça cache ? Que ceux qui restent sont les pires ? Ou, si non, que c’est le départ qui rend meilleur ? Dans les deux cas, ça ne ressemble pas à un compliment…

Entendu, à propos des personnages d’un film : « Ces deux-là sont heureux, ils n’ont plus rien à raconter. Donc non, il n’y aura pas de suite. » Mais pourquoi ? Le bonheur ne serait donc pas intéressant à raconter ? Mais que valent donc tous ces poètes et auteurs contemplatifs qui transcendent leurs sentiments dans d’épiques fresques romantiques dépeignant avec force enluminures ce pourquoi nous respirons chaque jour ?

Pourquoi changeons-nous d’heure deux fois par an ? Pour une histoire d’économie d’énergie, à l’origine… Si le soleil se couche une heure plus tard, on utilise moins d’énergie pour l’éclairage. Et apparemment, il y a davantage de gens qui se couchent tard qu’il y en a qui se lèvent tôt. Mais le changement d’heure lui-même est perturbant. Ne serait-ce que pour les vaches. Si si, il paraît que décaler l’heure de la traite a pour effet une diminution de la qualité et de la quantité du lait. Alors pourquoi ne pas rester tout le temps à l’heure d’été ? De toute façon, en hiver, quand on se lève, il fait nuit, et quand on se couche aussi… Alors une heure de plus ou de moins…

Je connais quelqu’un qui ne se déplace qu’en marchant sur les mains. Certains le prennent pour un fou. Moi, je le trouve très équilibré…

J’ai l’impression qu’il y a beaucoup plus d’attentats dans les avions que dans les trains. Pourquoi donc ? Pour le spectacle ? Parce qu’un avion qui tombe, en général on n’en réchappe pas ? Pourtant, ça m’a l’air bien plus compliqué de faire passer une bombe dans un avion plutôt que dans un train… Et sur une grande ligne TGV, très fréquentée, avec un train bondé, plusieurs charges bien placées, et une explosion au bon endroit (au passage d’un pont, par exemple), ça doit pouvoir être bien rentable ! Alors, pourquoi n’y a-t-il pas de contrôles avant de monter dans un train ? Et pourquoi personne n’en profite ?

La couleur du caméléon est-elle transitive ? Un caméléon sur un caméléon sur une branche, est-t-il de la couleur de la branche ?

Le Tour de France, physiquement, ça doit être bien usant. Heureusement, les cyclistes ont du bon matériel pour les aider. Mais alors, pourquoi ne pas faire, comme en F1, un classement des constructeurs ? Le vélo n’y serait pas pour grand-chose ? Admettons. En fait, il faudrait plutôt faire un classement des laboratoires pharmaceutiques, qui récompenserait le meilleur produit dopant !

Y a-t-il le mot « dictionnaire » dans le dictionnaire ? Oui… Et très étrangement, la définition (Petit Robert 2010) en est « Dictionnaire : recueil d’unités signifiantes de la langue (mots, termes, éléments…) rangées dans un ordre convenu, qui donne des définitions, des informations sur les signes. », et non pas « Dictionnaire : c’est ce que vous avez entre les mains, co*****, alors me faites pas croire que vous savez pas ce que c’est ! ».

À Avignon existe l’« École Privée des Arts de la Coiffure et de l’Esthétique » (boulevard St-Michel, pour les curieux). Je veux bien concevoir que l’on puisse enseigner l’art de la coiffure, car cette pratique nécessite bien un certain apprentissage pour réussir à faire correspondre la tête du client à celle qu’il s’était imaginée en arrivant. Mais comment peut-on se targuer d’enseigner l’esthétique, cette « science du beau dans la nature et dans l’art » (définition Petit Robert 2010) ? La beauté n’est-elle pas subjective ? D’ailleurs, pris en tant qu’adjectif, « esthétique » signifie « relatif au sentiment du beau ». C’est bien un sentiment, personnel, et forcément subjectif ! Comment pourrait-on inculquer de manière absolue un ressenti ?

Avec des si, on mettrait Paris en bouteille. Mais sans si, on met déjà des bateaux en bouteille. Alors Paris, pourquoi pas ? Faudrait juste une grande bouteille, et quelques outils… Avec des scies, on mettrait Paris en (grosse) bouteille !

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